UN PANIER DE CRABE 


Témoignage

Mes rapports transmis à FTV et à MFP permettent de prendre en compte mon expérience professionnelle dans le marché relativement restreint de la production audiovisuelle des DOM et particulièrement de l’Océan Indien.


La stratégie de Claude Lefèvre clairement affiché :

  1. -soutenir l’activité par des accords RFO /France TV Pub pour les magazines TV de flux.

  2. -délocaliser de productions déléguées et exécutives vers la Réunion (coûts moins élévés)

  3. -coproduire avec les sociétés locales en apportant du CNC (fonds de soutien automatique) et en proposant une ouverture aux chaines du grouoe

  4. -faire de la prestation pour le compte des chaines du groupe, comme le sous-titrage et télétexte (fer de lance de MFP Paris)

  5. -investir et développer les moyens techniques innovants  pour rester leader sur le marché de la publicité.


Je m’inscris totalement dans cette perspective avec enthousiasme et l’esprit d’une réussite soutenue.


1er juillet 2007 : ICV devient MFP Mascareignes.

C’est à cette date que je signe en tant que PDG la vente de ICV Réunion et de ICV Mayotte (petite structure qui continue de gérer le montage des écrans pour le compte de FTP et de la prestation Météo pour le compte de RFO Mayotte). C’est à cette date que Claude Lefèvre vient faire des conférences de presse à la Réunion et à Mayotte pour annoncer sa stratégie (papier ci-dessus). C’est aussi à cette date que je devins salarié de MFP Réunion en tant que directeur régional mais j’ai aussi la lourde charge inscrite au contrat de cession de vente, de liquider à l’amiable les sociétés ICV en tant que PDG.


C’est aussi à cette date que  nous apprenons l’obligation de déménager la société vers un secteur non aidé (du fait du capital 100% service public) – Coût imprévisible qui viendra grever le compte d’exploitation des 6 mois de MFP. Après des congés mérités, il m’appartient de mettre en place le déménagement (300m2 de régies et bureaux plus matériels de tournage lourds) vers une zone non aidée qu’il a fallu que je trouve et négocier. Nous procédons au déménagement (2 mois de travaux et de réinstallation, recâblages totaux de la société), tout en essayant de maintenir une activité pour nos clients perturbés par ce déménagement et le changement d’entité. 


Une entité qui dérange

ICV devenant l’entité MFP (100% service public France TV) dérange les agences de communication qui travaillent pour toutes les chaines et régies. Elles sont perturbés par cet actionnariat et sceptiques sur la stratégie du PDG de MFP, qui n’y connait rien en matière de spots publicitaires. Je ferai spécialement un déplacement à Paris au siège pour transmettre un rapport circonstancié à MFP et FTV  sur mes inquiétudes. C’est pendant mon entretien avec Claude, dans son bureau, que celui-ci apprends de la bouche même de son successeur son remplacement dès son départ à la retraite en juin 2008. La bouche même n’est autre que celle du sulfureux Bastien Millot, ce qui laisse Lefèvre dubitatif sur l’attitude à avoir vis à vis de son remplaçant.


Je le sens dépité, étonné et vexé de cette annonce.


Raison d’état

Du coup, Il prévoit une mission à la Réunion début décembre pour l’inauguration des nouveaux locaux  avec  le futur et  nouveau Pdt de MFP. Nous préparons la venue et les rencontres indispensables ( élus, clients, personnels, institutions, Rfo et FTP). Millot annule son voyage pour « raisons d’état » (sic) et laisse Claude venir seul à la Réunion. Peu importe, Claude est ravi de la nouvelle structure et me félicite de l’installation et de l’image donnée de FTV à travers sa filiale Réunionnaise.– Nous faisons le point parallèlement de la situation et soulèvons des inquiétudes sur les relations clients agences de Pub. Il en verra plusieurs lors de son passage. Je lui indique que nous travaillons actuellement à la demande de RFO sur un magazine de flux de décoration et d’art de vivre et que pour limiter les coûts sachant que le magazine est en cours de négociation de financement, mon épouse, décoratrice, accepte de travailler sur l’éditorial, la préparation et les tournages sans salaire dans un premier temps. Je la présente à Claude, ravi de faire sa connaissance et il lui souhaite bon courage pour la suite de cette aventure. Si je mets cette anecdote en avant, celle-ci fait partie d’un des reproches du futur «soi-disant Président de MFP».


Un aveu qui en dit long

C’est pendant son séjour à la Réunion, que Claude Lefèvre  apprendra que de Carolis lui demande « gentiment » de se retirer plus tôt que prévu de la Présidence de MFP, c’est à dire dès la fin du mois de décembre 2007, au lieu de juin 2008 pour laisser la place à Millot. Lefèvre est de nouveau vexé et s’en plaint à son avocat et à la direction juridique de FTV devant moi et me confiera  quelques réflexions : « j’ai sorti France TV du gouffre financier par rapport au rachat de ICV, ils avaient fait leurs calculs et la peur d’un déclenchement social avait été estimé à plus de 2M€ et c’est comme ça qu’il me remercie, après 40 ans de loyaux services dans le public…. » Mais en bon serviteur de l’état, il accepte le compromis négocié, (de Carolis lui remettra la légion d’honneur  au moment de son départ !!! )


Dans le viseur de l’Elysée

Lefèvre  m’invite fin décembre à la passation de pouvoir à Paris et aussi à l’inauguration des nouveaux locaux de MFP Paris, et ainsi rencontrer le nouveau PDG. Je bouleverse mon calendrier afin bien sûr de montrer et démontrer notre savoir faire et connaître la stratégie du nouveau PDG.  La rencontre fut officielle et froide. Tout le staff de France TV, de Carolis en tête, est  présent et le service  MFP Réunion cité en exemple pour son savoir faire dans les DOM.


Millot m’assure «du bon travail que nous allons faire ensemble»...sur le moment je lui accorde foi.

Mais, c’était sans connaitre ce personnage, écarté de la direction de France TV par de Carolis, et sur ordre de l’Elysée

(Sarkozy a été élu en mai 2007 et commence à régler ses comptes avec ses ennemis d’hier).


Les relations sont extrêmement tendues entre France TV et l’Elysée. De Carolis tente d’apaiser et se soumet à la volonté du chef de l’état. Eliminer les directeurs qui ont roulé pour Chirac et Copé. Dans le viseur, entre autres, Bastien Millot (directeur de la Com de FTV) dont le passé avec Copé n’est plus à démontrer et qui en plus a divulgué à la presse la relation de Cécilia Sarkozy  avec Attias.


Copé souhaite qu’il soit mis à l’abri et pouvoir ainsi le garder sous la main. La présidence de MFP est un bon alibi.  De Carolis  qui négocie son budget France TV le nomme rapidement à ce poste. A peine arrivé à la tête de MFP, il demande une augmentation de surface des locaux situés dans le 15é à deux pas de FTV. Il transfère tout son staff avec plus de 300 m2 de mises à disposition et la bénédiction de FTV. En réalité, je l’apprendrai plus tard, il prépare la fameuse société Bygmalion avec les complicités de de Carolis et Copé.


MFP Réunion, c’est bien le cadet de ses soucis.


8 janvier 2008 : Sarkozy annonce la réforme de France TV et la fin de la publicité sur le service public.




                                                        La mort programmée de MFP Mascareignes :  


 

ICV MASCAREIGNES devient...  MFP MASCAREIGNES

Une vente bradée

Les négociations sont rudes et âpres, France TV  fait baisser le prix de jour en jour du rachat sous la menace qu’elle est la seule à pouvoir reprendre les actifs et me donne comme alternative : la reprise à leur condition ou la fin de l’activité et le dépôt de bilan sans concession.


Ce que je souhaite en priorité, c’est sécuriser les emplois des personnels collaborateurs permanents et intermittents de cette société et sauver l’outil de production. Je me plis aux exigences de France TV dont deux licenciements, habilement et secrètement dirigés par le service juridique de France TV Paris, avec l’accord du commissaire aux comptes, Claude Cousin, de la Sofecor, et du liquidateur de ICV SA, M° Sénéchal – Il faut tout de même savoir que toutes les négociations que j’ai mené se sont faites, non pas avec Claude Lefèvre, mais avec France TV en direct (Jean Copsidas, directeur financier et Marie-Claire Dallet Hum, une des chefaillons du service juridique de FTV) - Lefèvre, vu son passé et ses relations avec RFO souhaite soutenir l’activité du futur MFP Réunion et pousse France TV à accélérer le processus.


Cela durera tout de même 1 an.  (juillet 2006 / juillet 2007).


Pour finir, France TV proposera 1€ symbolique et le rachat des immobilisations pour 110 000 € (!!!) pour un CA de... 3 M€.

HISTORIQUE


Le 9 juillet 2004, la loi d’intégration de RFO au sein de France TV est adoptée.

ICV se retrouve filiale de France TV actionnaire principal minoritaire. France TV Pub reprends l’activité de la régie publicitaire de RFO, «Media Overseas».


Messieurs de Carolis (PDG de France TV) et Philippe Santini* (PDG de FTV Pub) ont la volonté de supprimer le contrat de prestation du montage des écrans publicitaires détenu par ICV Groupe depuis 22 ans sans se soucier des conséquences économiques et sociales.

* Ce même Philippe Santini qui avait organisé une « prise d’otages fictive » des cadres dirigeants de France Télévisions Publicité lors d’un séminaire en octobre  2005, (condamné en 2010), afin de tester une soi-disante cohésion d’équipe et qui sera épinglé le 3 avril 2016  dans les ”panama papers”. Il avait créé ”Auraph Ltd”, une société écran basée au Samoa, en Polynésie.



En 2006, ils dénonceront le contrat.


La guerre est déclarée

Le PDG de ICV avec les actionnaires privés rentrent en guerre avec le groupe France TV et  France TV Pub.


France TV Pub  : irresponsable

Les actionnaires  privés (Iris capital et Socadif) renoncent à soutenir la société sans ce contrat essentiel à la survie du groupe.

Ils se retirent en accusant clairement France-Télévision Publicité d’irresponsabilité économique et sociale.


Grève inutile

Courant 2006, les salariés de ICV s’organisent et demandent des explications et des comptes à leur PDG, M. Alain Cassard, et à l’actionnaire France TV. Une partie de ping-pong est entamée et les appréciations divergentes de l’actionnaire et des salariés se renvoient la balle sans qu’aucun accord n’intervienne.


Chacun reste sur ses positions, les salariés peuvent bien râler, rien n’y fait, même la grève de 48h ne servira pas au dénouement de la situation.


Démission du PDG et fin des ICV

le PDG de ICV Groupe est contraint à la démission et dépose le bilan de la SAS ICV Paris, entrainant dans sa chute les ICV Antilles.


Des promesses

Par crainte des syndicats de France TV alertés, de Carolis  s’en mêle, et affirme qu’il pourrait y avoir reprise d’au moins deux sociétés, ICV Guadeloupe et ICV Réunion, par l’intermédiaire de MFP, filiale à 100% de FTV. ICV Guadeloupe ne pourra pas suivre et déposera le bilan 3 mois après.

 

Témoignage

Pour ma part, je refuse de baisser les bras et je résiste arguant de la bonne santé financière de ICV Mascareignes. Nous sommes dans une dynamique d’affaires en hausse et de projets en productions de documentaires et magazines en expansion.


Claude Lefèvre , un vieux de la vieille de France TV et PDG de MFP (Mutlimédia France Production) filiale à 100% de France TV, ayant eu dans son passé une attache aux DOM, souhaite récupérer la société dans son giron. J’en suis ravi, et il s’en suivra une longue négociation d’un an non pas avec Claude Lefèvre et MFP mais avec la direction financière de France TV.


La bande à De Carolis

Je rencontre de Carolis et consorts en avril 2006. 

Les consorts : Patrick Bert, directeur financier du groupe, démissionnaire pour mésentente et divergence de vue sur  la stratégie financière conduite par de Carolis. Yves Garnier, éphémère DG de RFO, ayant une méconaissance totale de la Télévision et de l’Outremer et qui ne fera rien pour la survie de ICV, Gérald Prufer, directeur régional de RFO Réunion, rédacteur de base et qui a sa devise : il est urgent d’attendre... (sic) Ceux-ci m’affirment la volonté de la poursuite des activités de  ICV avec RFO.


La problématique étant que le PDG de ICV, ne veut rien entendre à de quelconques négociations et se range du côté des actionnaires privés.

Il faut, en clair, l’éliminer.  France TV  et France TV Pub se retrouvent avec un fardeau sur les bras et pousse le PDG, Alain Cassard vers la sortie qui se voit contraint  de déposer le bilan du siège social  à l’automne 2006.


Une visite calculée

En février 2007, Sarkozy, alors ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire, se rends à la Réunion en visite officielle surtout pour préparer son élection. Le préfet me demande de le recevoir et de lui faire visiter la société, comme modèle d’entreprise.  Rencontre officielle, mais quelques peu obligée !


De Carolis est curieusement absent, il faut dire qu’il roule pour Chirac (qui ne s’est pas encore prononcé pour un nouveau mandat) et son ami Copé...


Des résultats positifs

Le dépôt de bilan du siège entraîne la fermeture des sociétés : Antilles / Guyane. Seuls, les cas de ICV Réunion et de ICV Mayotte restent problématiques pour France Télévision. En effet ces sociétés (SAS) dégagent des résultats positifs sans l’activité du montage des écrans et ne peuvent pas être en dépôt de bilan.

(Les années 2005 et 2006 furent particulièrement brillantes. )


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