Témoignage.

Autre peur d’enfant : 2 ans plus tard. En septembre 1965,  mon père rentrant de son bureau nous demanda de nous barricader et ferma l’entrée principale de la résidence des villas de la Transat. Pierre-Just Marny, un jeune délinquant, est en fuite. Il vient de tuer 3 personnes et l’ile est en émoi.
Les gendarmes sont à sa recherche du côté de Fort de France. La panique envahit la famille, et si, il venait se réfugier dans notre quartier !




Pendant 9 jours, on ne parla que de l’affaire Marny.  Ce fait divers fut très médiatisé.
 

Témoignage.

Le paquebot «Antilles» de la Transat nous avait débarqué à Fort de France en juillet 63 où papa venait d’être muté.












Premiers contacts et premières inspirations de ce bout d’île. 

La moiteur, la chaleur, les odeurs et le bruissement des insectes si phénoménal sont inscrits à jamais dans ma mémoire.

Un bonheur indicible de plénitude, de sérénité et de joie, entouré de mes frères et de mes parents, m’envahissait.

 

1963 - à bord du paquebot Antilles - la famille Delarue (de g. à d. : Pierre, Bruno, Jaqueline, Eric, Pierre-Yves, Christian) -

Ma vie télévisuelle commença à 10 ans

à la Martinique...

Prologue

Martinique                                               22 novembre 1963

ENQUÊTE. La genèse de ma passion pour la télévision, l’image et la communication commença à 10 ans à la Martinique en 1963. C’est effectivement le jour de l’attentat de Kennedy que je fus irrémédiablement attiré par ce nouveau média inexistant encore aux Antilles.

EDITH, le cylcone du siècle

Le cyclone laissera au total 5.000 sinistrés environ et le total des dégâts a été estimés à 300 millions de francs environ. La perte en vie fut malgré tout assez faible grâce aux avis et avertissements du Bureau météorologique de San Juan à Porto-Rico. Toutefois, le cyclone a causé la mort de 10 personnes et laissé près d'une cinquantaine de personnes grièvement blessées.

La station de Desaix (Fort de France), à une centaine de mètres du niveau de la mer a enregistré une rafale soutenue de 213 à 216 km/h dans la nuit du 25 au 26 Septembre.

Les vents soutenus fut de 145 km/h à la station de la Caravelle (Trinité) pour des rafales  à 172 km/h.

Les vents de force tempête ont perduré inhabituellement pendant plus de 6 heures à l'intérieur des terres et plus longtemps sur les montagnes et le littoral.

Un raz de marée provoqua une énorme inondation sur la place de la Savane à FdF.

L’affaire MARNY.

Au début des années soixante, la Martinique change de visage à grands pas, les usines disparaissent à tour de rôle, on voit s'ouvrir les premiers libres-services, la télévision fait son apparition dans quelques foyers. C'est dans une société en pleine mutation qu'éclate, en septembre 1965, l'affaire Pierre Just Marny. Elle ébranle sérieusement l'opinion publique.


Ainsi, au lendemain de sa sortie de prison, le 2 septembre 1965, Marny tue trois personnes, dont un enfant de trois ans qui se trouvait dans les bras de sa mère. Il blesse gravement trois autres avant de prendre la fuite. Sa cavale sera de courte durée. Il est arrêté quatre jours plus tard après un important déploiement de force. Trois semaines plus tard, Marny fait à nouveau parler de lui en s'évadant du 107 rue Victor Sévère. Nous sommes le 10 octobre 1965. Les 9 jours de cavale qui suivent, la population entière vit à l'écoute des faits et gestes de Marny. A l'image des nègres marrons, il devient un nouveau héros de la lutte contre la répression coloniale. Pour preuve, son arrestation dans une épicerie de Sainte-Thérèse entraîne une véritable émeute populaire. Le peuple s'en prend à l'épicière qui aurait dénoncé Marny qui était entré dans son commerce pour acheter un morceau de pain. Le feu est mis à l'établissement. Par la suite, Marny sera transféré en Métropole.


Pierre-Just Marny dit « la panthère noire », a été  le détenu ayant effectué la plus  longue détention.  Il a été retrouvé mort dans sa cellule après 48 années passées derrière les barreaux.


Marny restera un héros pour certains, pour d'autres, il a été tout simplement un bandit et un assassin...

Témoignage.

La Montagne Pelée est aussi une référence de ma frayeur d’enfant. 

Le volcan de St Pierre me fascinait et ses «dents creuses» tant de fois visités me hantaient. L’histoire de ces milliers de morts et d’un seul survivant participait à certaines de mes nuits antillaises.


Surnommée «La vieille taupe», je décrivis mes rêves par une petite prose, ci-dessous;

j’écrivis et produisis un film sur St Pierre et son volcan bien plus tard :

                        «L’étrange voyage de Sidonie» - (1994)


Je mis en place en 2002 : «les grands voiles de la Martinique»,

et un documentaire    «l’âme des gréements»  sur Canal + et RFO

                                            Lien : Chapitre 7

 

«La vieille Taupe »


«La vieille taupe» ne dormait plus et

déversait ses flots de crachats

rougeoyants tout autour de lui.


Les explosions tonitruantes et fantasmagoriques

telles une apocalypse hystérique se déversaient

dans ses souvenirs moites d’une nuit antillaise peuplée

de cris de «bét-à-bondié» et autres grenouilles.


Les zombies surgissaient en flamme de nulle part,

les corps torturés et meurtris de brûlures

se figeaient en statues grises et sépia.


La poussière bouillante, sale, noire, emplissait

ses poumons en suffocation haletante.


Seul un homme parvenait, malgré ses hurlements de souffrance

dans son cachot enchainé, à crier sa douleur d’espoir de vie.


La mer rejetait les cadavres et les bois flottés cramés

suintant encore du mélange de l’eau  et du  feu.


Les murs de sa chambre se lézardaient en s’écroulant

furieusement comme un tonnerre d’orage cyclonique.


Les frissons de son corps et la transpiration froide

du climat bouillonnant le mirent en transe.


La vie exotique reprenait ses droits.


L’éveil sulfureux le confronta à la réalité d’une quiétude douce.


L’âme du volcan s’était envolé et ne laissait qu’une peur ancestrale répétée.


L’affreuse «vieille taupe» le surprendrait encore longtemps

jusqu’à l’exorcisme d’une jeunesse enfuie. 


Bruno DELARUE


Notre arrivée fut pourtant mouvementée. A peine installé dans la villa de la Transat, sur les hauteurs de Fort de France au plateau Didier, le cyclone Edith en septembre ravageait la Martinique. Souvenirs d’une nuit d’angoisse dans une maison tremblante sous les vents et le grondement du tonnerre continu.



(Spirou du 5 déc 63 )


Pierre-Yves, mon frère ainé qui avait 14 ans, envoya  un reportage au journal Spirou qui le fit paraitre quelques semaines plus tard.


 
La Baie de St Pierre en 1902 avant la catastrophe.

En 2000, je produirai la série «Décompte de l’an 2000» qui retraçait à travers 10 documents les grands évènements de la Martinique du 20ème siècle. Un épisode est consacré à l’affaire MARNY. Lien : Chapitre 7

En 1963, les quotidiens et magazines arrivaient de la métropole avec une dizaine de jours de retard (transportés par bateau...). Il n’existait pas de journaux locaux.

(France Antilles fut lancé en mars 1964, lors de la visite de De Gaulle).


L’influence de ces seuls liens était grande pour tous les «zoreils». Le «Paris-Match» associé à «la Vie Catholique»  faisaient parties des lectures éducatives. La radio, RTF radio Martinique, voix de la France, diffusait  les infos de métropole.


La télévision arriva à la Martinique qu’en  1964 par le biais de l’ORTF.